La Haie et la Clôture

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La Haie et la Clôture

Au pourtour d’un champ
Une Haie vieille de cent ans
Fut rejointe par une jeune Clôture,
L’air aussi dure
Que ses barbelés,
Toisant aussitôt l’ainée :
« Ton temps est passé
Et, l’hiver fini,
Jusqu’à la suie
Aura été ton bois flambé ! »
Voilà propos cynique
Dont notre barrière bucolique
Fit plus sage réplique :
« De fer est ton armure
Mais ma bordure
D’épines tout autant pique ;
Là où certes mieux tu résiste
Mes racines néanmoins persistent ;
Là où le paysage je dessine,
À perte de vue
Tu en dévoiles il est vrai l’étendue
Mais le mine
De tes rets coupants
Pour le bétail et les imprudents !
Là où j’offre ombre
Au soleil de plomb,
Dans la nuit tu te fonds
Blessant les mêmes qui s’y encombre ;
Alors de mes trouées
Fais-en inutilités si cela te chantes
Mais même ainsi saignée
Davantage j’enchante
Que le couperet du Vent
Dont tu laisses le libre cours
Sans aucun recours
Pour s’y protéger du souffle cinglant…
… Comme de l’eau dont tu ne sais retenir
Ni du feu souffrir
Pour que trop vite il ne se propage :
Moque donc ainsi mon vieil âge
Mais pour la culture
Je suis plus sûre ! »

Ainsi du jeune imbécile
Qui de l’ancien fait futile
Au lieu de son expérience
En tirer bon sens

Auteur : Val


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(tiré de l'ouvrage édité : Histoires de Fables)

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