La Hyène dans la Littérature

Cette partie rassemble et rassemblera les écrits en relation avec les Hyénes qu'ils soient littéraires, encyclopédiques, imaginaires et divers…


  • Par Val (auteur de ce blog)

Elle courrait d’un pas si félin que sa présence au premier abord barbare devint celle altière d’une princesse. Elle était une prédatrice avide de liberté courant là où l’emportait son Destin, indifférente à posséder un territoire. Ses pas ne marquaient qu’à peine de ses empreintes le sable comme si elle marchait à la fois ici et dans le royaume éthéré des âmes en peines. Les muscles de ses épaules roulaient sous sa peau et son corps massif à la cambrure illogique dansait pourtant avec grâce pendant sa course. Son pelage fauve et bigarré s’ébouriffait dans les airs au gré des vents soulevant ses poils longs et sa crinière blanche.
Son visage était étonnamment gris, étrange et tout autant repoussant que fascinant. Sa gueule intimidante souriait d’un rictus pétrifiant. Elle était magnifique.
Dans les contes Africains elle était la Reine dominant le Lion, pourtant Roi ! Elle était la passeuse d’âme, celle à qui on confiait ses morts et que l’on aimait haïr tout en reconnaissant qu’elle portait la mémoire des damnés.


  • Le renard et l’hyène par AL-SHARÎSHÎ - ("XII°-XIII° siècle")

On raconte qu’un jour, ayant soif, le renard aperçut un puits sur la poulie duquel était fixée une corde munie d’un seau à chaque bout. Il s’assit dans un des seaux et fut entraîné au fond, où il se désaltéra.
Advint une hyène qui, regardant au fond du puits, crut distinguer un croissant de lune dans l’eau, et vit un renard tapi à côté.
-« Que fais-tu là-dedans ? » lui demanda-t-elle.
-« J’ai mangé la moitié de cette miche de fromage, lui dit-il, et il reste l’autre moitié pour toi ; descends donc la manger.»
-« Comment faire pour descendre ? » interrogea-t-elle.
-« Assieds-toi sur le seau du haut » dit le renard.
Elle s’assit dans le seau et son poids l’entraîna vers le fond, pendant que le renard montait dans l’autre seau.
Lorsqu’ils se rencontrèrent au milieu du puits, l’hyène demanda au renard :
-« Qu’est-ce que c’est cela ? »
-« C’est là que nos chemins divergent », répondit le renard.
Ce fut le début d’une inimitié que les Arabes considèrent comme proverbiale.

Extraits du livre "Fables et contes traduits de la littérature arabe ancienne" Fahd TOUMA L'Harmattan - 2001 -


  • LES HYÉNES par ESOPE

Les hyènes, dit-on, changent de nature chaque année et deviennent alternativement mâles et femelles. Or un jour une hyène mâle prit à l'égard d'une hyène femelle une posture contre nature. Celle-ci répondit: « Si tu fais cela, camarade, songe que tu subiras bientôt le même traitement. »

C'est ce que pourrait dire au magistrat en charge celui qui doit lui succéder, s'il avait à souffrir de lui quelque indignité.

  • L'HYÈNE ET LE RENARD par ESOPE

On dit que les hyènes changent de nature tous les ans et deviennent alternativement mâles et femelles. Or une hyène, apercevant un renard, lui reprochait de la repousser, alors qu'elle voulait devenir son amie. « Ce n'est pas à moi qu'il faut t'en prendre, repartit le renard, mais à ta nature, qui fait que j'ignore si j'aurai en toi une amie ou un ami. »

Ceci vise l'homme ambigu.


  • L’ingratitude punie (Conte Africain burkinabé… source incertaine)

Wende avait une mère chèvre qu’il confia à une vieille femme. Un jour la hyène arriva et mangea tous les petits de la chèvre, pendant que celle-ci n’était pas là. Quand la mère chèvre revint, elle ne retrouva plus que les têtes devant les cases. Alors elle creusa un puits et en dissimula l’orifice avec une natte. Elle ramassa soigneusement toutes les têtes de ses enfants et les mit sur la natte. Le lendemain, la hyène revint et, ne trouvant pas autre chose, se jeta sur les têtes si bien qu’elle tomba dans le puits. A ce moment-là, un âne passa à côté. « Mon frère âne, dit la hyène, ne pourrais-tu pas me faire sortir ?
- Si, dit l’âne, à condition que tu ne me fasses pas de mal après.
- Si tu me sors, je ne te ferai pas de mal. » L’âne laissa pendre sa queue dans le puits et la hyène s’y aggripant en sorit. Sitôt qu’elle fut dehors : « Je vais te manger, dit-elle à l’âne, car j’ai faim.
- Je t’ai fait du bien, dit l’âne résigné, tu me fais du mal, mais Dieu te punira ! » A ce moment-là, survint le lièvre : « Qu’est-ce qu’il y a ? », dit le lièvre. L’âne expliqua l’affaire. « Ce n’est pas vrai tout cela, dit le lièvre. Il est impossible que la hyène soit sortie du puits avec ta queue.
- Si, c’est vrai, dit l’âne.
- Est-ce vrai ? dit le lièvre en se tournant vers la hyène.
- Oui, c’est vrai, dit la hyène.
- Non, ce n’est pas vrai, dit le lièvre, c’est impossible.
- Eh bien tu vas voir, dit la hyène piquée. » Et elle descendit dans le puits en servant toujours de la queue de l’âne. Quand elle y fut, s’apprêtant à remonter : « Mon ami, dit le lièvre à l’âne, ne connais-tu pas un chemin direct pour retourner chez toi ?
- Si, dit l’âne « et il s’enfuit. Le lièvre s’en alla à son tour et la hyène restée dans le puits y creva.


  • Dans son ouvrage, Les Vertes Collines d'Afrique, l'écrivain Hemingway décrit ainsi les Hyènes :

« Hermaphrodite [,] qui dévore les morts et se dévore elle-même, suit les vaches en gésine, qui rend boiteux en coupant le tendon du genou, toujours prête à vous mordre la figure la nuit quand vous dormez, au ricanement sinistre, qui traîne derrière les camps, puante, ignoble, avec des mâchoires qui broient les os laissés par les lions… »


  • Les Hyènes par Rudyard Kipling (poème anglais)

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