La Pie et le Renard

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La Pie et le Renard

Attiré par l’éclat d’un collier,
Au soleil reflété,
S’approcha de sa voleuse, une Pie,
Un Renard lui tenant à peu près ce langage :
« Si votre plumage se rapporte à votre ramage… »
« … Pas avec moi vil ami !
Si vous avez eu cousin
Assez malin pour du mien
En obtenir le fromage de son bec
Sachez que vous ne trouverez qu’échec
À en tenter pareille manoeuvre ! »
Ainsi jasa la cousine du Corbeau
Laissant, pensa t’elle, notre Goupil bien sot
De vouloir ainsi lui faire avaler couleuvre.
« Je vous assure qu’en rien
Je n’étais alléché de vos biens
Même si on les sait d’or…
… Pour ma part ne faisant que de Poule la rapine
Je venais vous couronner d’hermine
Et de mon allégeance, dès lors,
Vous en montrez patte de velours !
Enfin, de conseiller à votre cour,
Des plus basses en ayant les usages,
Du titre que vous m’en fassiez l’hommage
J’aurais là pour seul honneur. »
Après tout si on veut la faire Reine
Qu’à cela ne tienne,
Voyons si ce rouquin n’est point menteur :
« Alors faites oeuvre d’un premier conseil. »
Peu familière du trône et de ses intrigants,
Mais appréciant déjà les privilèges attenants,
Au théâtre du pouvoir notre Corneille
Aurait dû, un comble, avoir de l’auteur lu sa plume…
… « Le jour du sacre, il est de coutume
De saluer vos sujets
D’une humble révérence :
Pour qu’ici-bas j’en juge la bienséance
Depuis votre haut règne, par la tête baissée,
Faites-moi en donc ainsi l’exercice. »
Sans y voir vice
Consentie volontiers la noire et blanche dame
Qui, et à son grand damne,
Vit glisser de son cou sa précieuse joaillerie !

On a beau être mis en garde des flatteries,
Si celui les clamant
Du leurre
Sait en bavarder sans erreurs,
À la fin, c’est toujours aux dépens
De celui qui en écoute l’histoire
D’en trouver mêmes déboires !

Auteur : Val


Corneille : Outre le nom donné aux petits Corvus et ici évidemment le clin d’œil au célèbre dramaturge éponyme ayant écrit sur les charges parfois lourdes de la royauté dans son exercice du pouvoir.
Goupil : L’ancien nom du Renard.
Hermine : Outre le petit Mustélidé c’est également la pièce issue de sa fourrure utilisée d’antan pour les apparats royaux et plus tard dans le monde judiciaire.

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(tiré de l'ouvrage édité : Le Fablier de Val)

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