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La Renarde et le Hérisson
La Nature n’est pas toujours en ordre.
Faut-il le penser
Au vue d’un Hérisson, et de ses faits,
À l’accoutumée plus sobre.
D’une belle Renarde
Notre transi
De s’en être épris
Jusqu’à la pointe de ses hallebardes !
De la Dame de Goupil,
Apparue en sa futaie,
D’aussitôt lui faire cour d’amouraché,
Oubliant sa malignité parfois vile.
« De la Martre et de la Fouine
On a déjà vu mariage
De peu de raison, et même volage,
Mais d’un tel buisson d’épines
Comment voulez-vous
Devenir mon époux ?
À la moindre caresse
On s’y blesse ! »
Si c’est là voeu de la Fée
Qu’il soit exaucé.
« Tout sacerdoce pour votre amour
N’est que douce sinécure.
De m’épiler tel le Gymnure
Je puis pour me faire velours. »
La tâche semble improbable
Si ce n’est pour faire amusante Fable :
Faut-il que cet Oursin de terre soit bien sot
Pour alors s’exécuter
Car du baiser escompté
De n’en trouver plus que les crocs !
Le petit polisson
Aurait du savoir que la Colombe
Jamais du Crapaud n’en sera du même monde.
En voici la leçon :On peut aimer
Contre-nature
Mais jamais de sa profonde nature
On ne peut en changer !
- Apollon : Dieu Grec aux nombreuses fonctions, il est souvent dans l’imaginaire associé à un bel homme.
- Goupil : L’ancien nom du Renard.
- Gymnure : Voisin du Hérisson qui vit en Asie du sud-est et qui est dépourvu de piquants.
- Martre : Voisine de la Fouine, c’est un petit mammifère de la famille des mustélidés.
- Sacerdoce : Fonction demandant un grand dévouement.
- Sinécure : Travail aisé dont on tire en retour un grand bénéfice.
(tiré de l'ouvrage édité : Le Fablier de Val)