Le Limes
  • Annexe inédite en complément du Livre : Atavus

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Le Limes

Le (ou les) Limes (prononcé : Lime-ès) - Sentiers de garde - est (sont) le nom donné par les Romains au système de protection des frontières de l’Empire Romain.
En fait ce Limes prit de nombreuses formes au cours des siècles et fut érigé sur les parties les plus sensibles de l’Empire pour se protéger des invasions et rébellions étrangères. Cette incroyable et monumentale entreprise de fortifications s’étendit sur une longue durée, se perfectionnant toujours davantage.

Il semble que les premiers Limes n’aient été longtemps que des sentiers de vigies plus ou moins entretenus permettant de rallier des garnisons ou des villes entre-elles. C’est au début de l’ère commune qu’on peut parler de réseau. À cette époque, l’Empire Romain est déjà d’une étendue incommensurable et les conquêtes sont remplacées par la solidification de ce vaste territoire. Ainsi, pendant près d’un siècle, les Limes vont faire leur apparition et c’est à la fin du 1er Siècle et lors du Second qu’ils vont être reliés entre-eux.
D’abord sentiers gardés puis douanes poreuses, les grands travaux en bouleversant la fonction débutèrent avec la prise de conscience de l’existence des Germains, la plus grande menace pesant sur l’Empire Romain. Cela coïncide avec les vaines tentatives de plusieurs Généraux Romains - Agrippa, Drusus, Varus - notamment de conquérir ce qui devint la Germanie, c'est-à-dire la prise en compte de civilisations dites « Barbares » mais capable de déstabiliser l’Empire !
Ainsi les Limes deviennent de larges bandes de terrains qu’on prend aux « ennemis » de Rome par l’abattage de forêts servant à ériger de grandes palissades composées de leurs troncs d’arbres. Puis on y creuse des fossés et on y dissémine aux points les plus stratégiques des fortins tout le long. Ces petits baraquements, tours de guet et Castellum permirent ainsi un meilleur maillage des Limes assurant une communication plus efficace pour prévenir les garnisons de légionnaires en cas de troubles. Enfin, outre les palissades et les patrouilles, ce système stratégique de fortins reliant des garnisons et des places fortes devint clairement une véritable frontière entre l’Empire Romain et celui chaotique des Germains.
Mais les Limes ne se bornaient pas à cette partie du monde et quatre réseaux important émaillaient l’Empire :

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Le Limes Africain est le plus méconnu et il ne semble pas avoir été très étendu ni avoir joué, ou alors en des lieux précis, un grand rôle pour l’Empire. Il semble avoir délimité plus particulièrement des avant-postes et quelques cités.

Le Limes Breton (l’ancienne Grande-Bretagne) est plus connu notamment par les célèbres murs d’Hadrien et d’Antonin coupant clairement ce royaume en deux parties. Ces deux Limes servaient à contenir les assauts des Scots ou Pictes et de prélever des taxes, empêchant en outre des invasions de cavalerie, l’épaisseur des murs en interdisant de fait le franchissement.
Mais les Limes Bretonnes, édifiés sur des plaines visibles, ou les Limes Africaines, érigés sur des terres nues, ne peuvent se comparer aux forêts inextricables des Limes Danubiennes ou Rhénanes, sans visibilités et susceptibles d’êtres assiégés à tout moment. Ainsi ce sont ces derniers qui furent les plus longs jamais édifiés dans l’Histoire de l’Antiquité en Europe.

Le Limes Rhénan est sans doute le plus élaboré de tous.
On y aurait compté près de mille fortins espacés d’une portée de vue par les vigies ou de voix au cas où le temps et la nuit ne permettaient pas d’autres communications. Tous les dix kilomètres une place forte venait coordonner l’ensemble des fortins, chacune de ses structures accueillant au moins cinq cent Légionnaires selon les sources ! Et quand on sait que ces places fortes étaient au nombre d’une soixantaine on peut au bas mot dénombrer pas moins de six cent kilomètres de Limes (en ôtant les parties géographiques naturellement infranchissables). Enfin de grandes citadelles ou cités venaient renforcer cet astucieux maillage. Elles accueillaient de grandes cohortes de Légions et de larges chemins ou voies pavés les reliaient au Limes.
L’une des plus célèbres est la fameuse Colonia Claudia Ara Agrippinensium sur le Rhin faisant face aux plus belliqueux Germains. D’ailleurs on situe la première tour de guet du Limes Rhénan toute proche de cette cité…

Le Limes Danubien ne diffère pas de celui Rhénan si ce n’est qu’il était moins pavé et plus distendu. Toutefois toute une série de petits ports fluviaux assuraient des patrouilles navales incessantes sur le large Danube, constituant le plus long réseau frontalier de Rome.

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Cependant, malgré l’ingéniosité d’un tel système de communications et de surveillance il serait trompeur de penser les définir comme frontières immuables.
Les Romains qui se targuaient d’avoir un Empire sans limites prétextèrent par celles-ci sécuriser le monde civilisé et soumettre les « Barbares » fascinés par cette puissance. D’ailleurs, pour le démontrer, les Romains incitaient les marchands et habitants des peuples hors de l’Empire de s’y joindre. Par des Foedus (alliances) on permettait ainsi à ceux-ci de commercer avec Rome mais par des taxes d’entretenir par là-même ce Limes très couteux. En outre les frontières les plus dangereuses étaient confiées aux Létes (esclaves) pour y assurer une présence permanente. Pourtant les Limes furent aussi un désaveu de la politique d’expansion de l’Empire Romain, celui-ci reconnaissant en effet implicitement les limites du royaume et pour ce qui concerne la Germanie l’établissant comme puissance rivale !

Au cours des 3ème et 4ème Siècles, le Limes fut cependant peu à peu délaissé demeurant encore comme l’une des plus incroyables édifications antiques comparable à sa « grande sœur » de Chine, toute proportion gardée…


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