Le Pain blanc et le Pain noir

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Le Pain blanc et le Pain noir

Dans l’antre d’une cave voûtée,
Abritant le fournil d’une boulangerie,
Un Pain blanc croustillant et frais
Vint en moquer un plus noirci :
« Je plains votre condition
Que notre mirliton
Vous ait fait brouillon
Avant que je ne devienne des nôtres le parangon ! »
S’il avait été couronne
Notre fariné aurait en sus tiré perruque
Comme aux temps antiques
Depuis sa corbeille faisant son trône ;
Notre trop cuit
En fit plutôt son croûton bénit :
« Mon pauvre, gardez votre émoi,
Même si il est de mauvaise foi,
Car vous avez l’esprit d’une noix
Pour faire de ma mie ainsi triste cas ;
Si vous étiez plus espiègle
Vous auriez vu qu’elle était de seigle !
Ainsi sont les vôtres
Qui de l’apparence des autres
Font bien peu de valeur
Au lieu de la pâte en juger au coeur ! »

De manger son pain blanc
Ou de se contenter de pain noir
Voilà qui clôt cette histoire
Et, avec, ceux pensant
Du bon grain ou de l’ivraie
Savoir les séparer :
Car à la fin,
Et ici plutôt à sa faim,
Mettant leur croûte à nue
Voilà leur levain pareillement perdu !

Auteur : Val


Corbeille : Ici la corbeille de pain.
Couronne : Outre le diadème, une baguette de pain en forme de cercle.
Crouton bénit : « Pain bénit ».
Fournil : Lieu où l’on pétrit et cuit le pain.
Levain perdu : Recette du « Pain perdu ».
Mirliton : Le terme signifie plutôt un instrument de musique entre-autre chose, mais en outre d’avoir donné son nom à des pâtisseries on le trouve comme désignation populaire de cuisinier ou boulanger.
Noix : « Pain aux noix ».
Parangon : Modèle et exemple, « Un Parangon de vertu ».

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(tiré de l'ouvrage édité : Le Fablier de Val)

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