Les Germains

La Ligue des Trente

On dit que la Ligue des Trente naquit en une nuit furieuse de tempêtes et de Vents ! Il est dit que les témoins de cette entente ressentirent que les Dieux mêmes étaient parmi cette assemblée. Mais ne dit-on pas que les Dieux s’amusent quand les Hommes pensent jouer avec le Destin…
Ce fut toutefois un de ces moments semblables à ceux juste avant l’orage quand la tension est sublimement à son paroxysme…
… C’était encore à l’aube des temps et à l’aurore des âges, en fait au crépuscule de l’âge d’Or de ces Hommes. Au crépuscule car eux qui étaient nés cette nuit allait pénétrer dans le royaume brutal d’un âge… de Fer !
Ainsi dit-on naquit au soir d’une nuit la « Ligue des Trente »… Et elle se disloquerait bientôt au prochain jour, certainement. Mais qu’importe son déclin, son idéal aurait existé ne serait-ce qu’une nuit.
Pour ces êtres fiers et les étendards représentant sous chacun d’eux leur Clan, c’était là l’important. Dieux ou non, l’Histoire retiendrait qu’ils s’étaient unis en Frères et qu’ils auraient été peu à combattre contre beaucoup. Et que les Dieux viennent à leur refuser la victoire, qu’importe là encore, ils les emporteraient dans leur chute jusqu’aux enfers !

*


Pourquoi les « Trente » ou « La Ligue des Trente » ?
Pourquoi pas moins ou plus ? En fait cette expression est complètement arbitraire car elle est liée aux sources incomplètes et fragmentaires à propos des peuples Germains. Les Germains n’étaient pas composés de « génotypes » caractéristiques ou dits « purs ». Ces thèses n’ont aucun sens car cette civilisation se constitua au travers des siècles entres migrants, autochtones, Celtes, Slaves ou Scandinaves entre-autres.
Malgré certaines coutumes semblables et peut-être une culture des Runes commune, les différences entre les peuples ou communautés de Germains étaient grandes. D’ailleurs beaucoup de « petits » peuples se perdirent dans l’Histoire en étant regroupés dans les grandes « nations » Germaines (Francs, Alamans, Goths, Anglo-Saxons, Suèves ou Thuringes). De plus l’imprécision des mémoires des voyageurs ou historiens d’alors et le temps aura œuvré à beaucoup de confusion.

Ainsi donc à partir de ce postulat, liberté à été prise d’extrapoler (néanmoins avec rigueur) sur une période particulière et un contexte.
La période choisie est celle la plus proche des premiers peuples Germains couvrant une amplitude du 1er Siècle avant l’ère commune au 3ème Siècle de l’ère commune avant les grandes migrations. Un âge dit de « sombre » mais ici un « âge d’Or » imaginaire assez Antique pour s’intéresser aux peuples les plus proches de la culture Germaine et assez étendue pour qu’on en ait eu des traces historiques écrites… Enfin le contexte est celui du « cœur » de la Germanie naissante, contrée la plus palpitante car la plus méconnue. Mais cette période est également celle des luttes de territoires, des alliances, des inimitiés, du développement de la Route de l’Ambre, des premiers Limes et du combat contre l’Empire Romain. En outre c’est au sein de la Forêt Hercynienne et des frontières du Rhin et du Danube, les contours de la Germanie dans sa période la plus définie et cohérente avant qu’elle ne disparaisse par les luttes intestines et les grandes migrations dites « Barbares »…

Les « Trente » sont ainsi les peuples Antiques ayant traversé l’« Âge d’Or » de la Germanie et qui symbolisent ou représentent au mieux cette civilisation dans l'Histoire, réelle ou imaginaire. Chacun d’eux est ici présenté selon cette idée.


  • Tongres : « Les Premiers Frères »

Les Premiers Frères de la « ligue » imaginaire des Trente Peuples Germains ne sont pas les premiers des Germains, non. Mais l’Histoire a voulu (ou la légende) que ce petit peuple plutôt méconnu et anecdotique ait été désigné par le plus grand Empereur Romain comme « Germains ». Depuis lors ces « premiers Frères » sont ainsi liés à tous les autres et à jamais on ne pourra plus évoquer les Germains sans se rappeler du peuple des Tongres…

Les Tongres (ou Tungri) sont un peuple de germains originaire de la Gaule Belge.
On ne connaît que peu de ce peuple si ce n’est par Tacite qui fait état de leur origine dans son Germania au chapitre II.5 :
Le terme « Germanie » (Germania dans le texte), signifie en Latin les « Frères » et serait due à l’origine par un clan Germanique, les Tongres, sans que l’on sache si, inspirant la peur, leurs victimes les auraient ainsi surnommés ou si c’est eux-mêmes qui se seraient présentés à eux par ce surnom. Toujours est-il que cette peuplade en fut à l’origine.

Enfin et évidemment, les Tongres ne furent pas les premiers Germains de l'Histoire. D'autres vivaient et étaient apparus en même temps qu'eux et bien avant encore. Mais si leur propre histoire disparue très vite des Annales Romaines, c'est tout l'Empire qui prit conscience de la menace gigantesque que formerait à l'avenir leurs Frères…

  • Cimbres : « Les Seigneurs Cimmériens »

Les Seigneurs Cimmériens sont parmi les Trente l'une des figures les plus conquérantes des Germains. Ils caractérisent et symbolisent tout l'esprit de guerre de ces hommes. Les Frères Cimbres sont aussi nimbés de mystères car les légendes les font descendants des Cimmériens, ces êtres fantasmagoriques dans l'imaginaire de l'antiquité.

Les Cimbres (Cimbri en Latin) formèrent l’un des tout premiers peuples Germains.
Venus selon Pline l’Ancien depuis le « Jutland » (Scandinavie) ceux-ci accompagnés des Teutons puis des Ambrons pénétrèrent sans doute les premiers en Europe continentale. Pourtant leurs origines réelles demeurent mystérieuses. Peuple voyageur et conquérant, ils semblent qu’une partie de ces Cimbres aient déjà traversé l’Europe et que ceux-ci portaient un nom donné par les Grecs très évocateur… les « Cimmériens » !
Enfin les Cimbres portaient aux femmes une attention des plus particulières, prophétesses portant les augures du Destin. En outre Tacite évoque dans Germania, que Rome était à la recherche de telles femmes… Peut-on ainsi mieux comprendre à leur chute leur suicide à la menace de devenir esclaves ?
Ces Seigneurs de guerres ont-ils inspirés les Cimmériens ou l’inverse ? Les textes de Strabon et d’autres historiens laissent l’énigme entière…

  • Teutons : « Les Chevaliers de Sigrdrifa »

Cavaliers de guerre, les Teutons demeureront à jamais liés à l’image du Chevalier Teutonique qui n’est d’ailleurs pas forcément la leur. Pour les Germains et la « Ligue des Trente », ils sont la figure légendaire de ceux ayant incarnés l’idéal des Einherjars soumis au Code d’Honneur des Valkyrjur…
… ce qui inspirera plus tard, l’Esprit Chevaleresque.

Les Teutons (Teudanos : Notre peuple ?) sont l’une des figures les plus célèbres des Germains… mais aussi peut-être l’une des plus méconnues !
Si on en croit les annales des premières migrations Germaines on peut en effet parler de « Peuple Teutons » bien qu’ils se mêlèrent à leur arrivée en Europe continentale aux Cimbres. Ces migrants ne semblent pas cependant avoir cherché un royaume propre, à moins que ce fut là le début du schisme d’avec les Cimbres et Ambrons les ayant accompagnés durant leur courte existence. Alors comment expliquer le mystère d’un si petit peuple Germain devenu l’un des plus populaires et chevaleresques au travers des siècles… Leur apparence, leur martialité ou la brutalité de leur arrivée en Europe ? Portant des armures lourdes et montés à cheval, sont-ils à l’origine des premiers ordres de Chevalerie comme le fameux Ordre Teutonique, même si cela reste un amalgame ?
Autant de questions sans réponses qui continueront à alimenter l’imaginaire épique de ce clan totalement détruit par les Romains…

  • Ubiens : « Les Traîtres du Foedus Germains »

Dans l’imaginaire de la « La Ligue des Trente », où chacun pu embrasser la Liberté de son Destin, les Ubiens, par pragmatisme, peur, stratégie ou faiblesse, s’inclinèrent devant César préférant Rome à la Germanie.
Ils y perdirent leur territoire et furent bannis (ultime déshonneur chez les Germains) comme les premiers Traîtres de cette Ligue ! Toutefois les Ubiens bâtirent l’une des plus glorieuses cités sur les rives du Rhin, fondamentale pour la protection des Limes Rhénanes. Ils choisirent ainsi un camp et l’une des deux rives du fleuve… mais ils tournèrent à jamais le dos à leurs Frères !

Les Ubiens (ou Agrippenses et Ubii) sont l’un des peuples Germains les plus controversés parmi l’Histoire de ces derniers. Ainsi cette tribu venue du Nord comme tant d’autres se distinguera très vite de leur semblable.
César leur prêta d’ailleurs une civilité bien plus importante que leurs Frères et indiqua qu’ils avaient des ressources florissantes que ce soient autant en population qu’en biens. À l'époque où ils furent mentionnés par la première fois ils résidaient du côté Est du Rhin, sans doute entre le Main et le Westerwald (Allemagne actuelle).
Avant l'arrivée des Romains on connait peu l’histoire des Ubiens, si ce n’est quelques batailles remportées sur les Suèves qui ne cessaient de les acculer toujours plus contre le Rhin. L’Histoire Ubienne débute dans les chroniques et les annales par leur rencontre avec Jules César, relatée dans la « Guerre des Gaules ». Dès l'arrivée des Romains, les Ubiens leur demandèrent assistance et mirent leurs navires à disposition, aidant à la construction d’un pont enjambant le Rhin pour laisser passer les troupes romaines.
Tacite lui-même dans son Germania atteste dès lors de la loyauté Ubienne à Rome :
« Ils passèrent anciennement le Rhin, et, sur la preuve acquise de leur fidélité, ils furent placés au bord même du fleuve, comme défenseurs et non comme prisonniers. »

Il est rapporté même que César offrit sa propre épée en reconnaissance !
Aussi en l’An 38/39 avant l’ère commune traversèrent-ils le Rhin, sous la protection d'Agrippa, qui fonda la ville d’Ara Ubiorum puis en 50 de l’ère commune, sa petite fille, Agrippine la jeune la consolidera, lui donnant le nom de Colonia Claudia Ara Agrippinensium. À partir de cette date les Ubiens eurent pour tâche principale de protéger la cité et de sécuriser les limes Rhénanes, ce que nous apprend Tacite :
« Mais leur rôle ne se limita pas à servir de garde-frontière : leur territoire servit de base aux expéditions romaines en Germanie, et ils fournirent espions, éclaireurs et infanteries aux légions romaines. »

Alors les Ubiens, le symbole de la traîtrise ?
Aux yeux des Germains cela ne fait aucun doute. Mais leur conflit avec les Chattes et les Suèves ne les poussèrent-ils pas à préférer la protection de Rome ?
Avant d’être alliés à l’Empire, ils constituaient un peuple Germain comme un autre et on ne peut le caricaturer à l’extrême. Les gens Ubiens étaient-ils en accord avec leurs chefs et seigneurs ? Marchands, avaient-ils les ressources pour se montrer aussi forts dans l’art de la guerre que leurs Frères ? Et enfin leur position entre les peuples Celtes, l’occupant Romain et les autres Germains n’affaiblirent-ils pas leur conception des choses ne leur offrant que peu d’alternatives ?
(Une chose amusante cependant : Clovis, lui-aussi un traître du point de vue des Germains, notamment les Francs, eut pour première épouse une princesse de Cologne… l'antique Ara Ubiorum !)

  • Ampsivariens : « Les Indécis du Destin »

« Il y a pire que de choisir la mauvaise sente de la destinée, c’est de ne pas savoir laquelle empruntée ! »
C’est par ce petit adage que l’on peut résumer le Destin des Ampsivariens. Si les Ubiens choisirent un camp, néfaste pour leurs Frères, les Ampsivariens à ne pas en prendre un finirent par s’attirer les ires de tous ! Les Germains moquaient en effet ceux fuyant leur Destin et ne pouvaient accorder à ceux là quelques honneurs. Ainsi les Ampsivariens subirent pour leur malheur un autre adage : avec nous ou contre nous !

Les Ampsivariens (ou Ansivariens et Ansibariens), « Hommes de l’Ems », petit peuple de Germains, demeurent méconnus. Très vite d’ailleurs on perd leurs traces et ceci apparemment de leur fait !
Leur territoire s’articulait le long des rives de l’Ems, surtout celle d’Ouest, entre les Bructères au Sud et les Frisons au Nord. Situés à son embouchure sur les rives de la Mer du Nord ils évoluèrent ainsi au fil de l’Histoire sur une étendue plus ou moins grande le long du fleuve entre les autres peuples Germains. Sans doute y vécurent-ils de pêches et de négoce fluvial, apparemment peu intéressés par les affaires de guerres et de conquêtes. Deux villes actuelles semblent attester de leur présence, Emden et Emmen, en Allemagne et au Pays-Bas.

Ainsi sans collaborer comme les Ubiens avec Rome, les Ampsivariens refusèrent de participer à la guerre entamée contre l’Empire. Informés, les Romains leur proposeront alors une alliance : ils la refuseront également ! Ils seront alors très vite pris en étau et inévitablement écrasés puis dispersés dans l’Histoire… Restent quelques écrits où leur nom apparaît parfois, principalement au côté des Francs dans quelques batailles.
Les Ampsivariens auront dans tous les cas illustrés la philosophie des Germains liés au Destin. Hommes de décisions et surtout pas fatalistes, les Germains craignaient le Destin mais jugeaient de leur valeur en l’affrontant même pour le pire. Malheureusement le fuir n’était pas pour attirer l’indulgence, cette faiblesse les condamnant implacablement à le subir faute d’avoir au moins osé tenter de le saisir !

  • Chauques : « Les Marins des Limes »

Si les Clans de la « Ligue des Trente » choisirent chacun leur Destin, les Chauques eux décidèrent d’aller à sa quête… par les fleuves.
Dés lors préférant préserver leurs eaux sacrées, ils s’évaporeront dans l’Histoire. Pourtant ils incarnèrent avec bien moins de caricatures d’autres valeurs Germaines, plus profondes et sages. En cela ils étaient présentés comme les plus « Nobles » des Frères… mais les Annales du temps ne retiennent bien souvent que les périodes les plus tumultueuses.

Les Chauques (Chauci en Latin) sont un peuple de Germains venus des régions côtières du Nord de l’Europe. On peut penser que leurs origines ne les auront pas fait migrer de très loin car ces marins fréquentaient certainement déjà les côtes du continent. Ils font partie des Germains du Rhin.
Ce peuple fort intéressant et complexe reste cependant difficile à appréhender tant on l’a présenté de bien différentes manières chez les historiens Romains. Toutefois selon Tacite le territoire Chauques fut l’un des plus vastes au 1er Siècle depuis une large bande côtière au côté des Frisons et jusqu’au Nord des terres Chattes et Chérusques.
Tacite et Pline l’Ancien les présentent de nobles vertus et aux coutumes et règles codifiées.
Les Chauques ne cherchent point querelles, s’occupent de leurs affaires et ne franchissent pas leurs frontières pour aller aux conquêtes. Mais même s’ils ne sont pas belliqueux, ils auront néanmoins formé une armée forte et bien équipée, toujours prête, donc entraînée. De plus les chevaux ne leur sont pas étrangers et ils disposent de cavalerie. C’est pour cela que cet esprit d’ordre, de justice, de lois et de discipline les présente souvent comme les plus sages et civilisés des Germains…

Alors qui étaient ces marins infatigables naviguant sur tous les grands fleuves de Germanie ?
On dit des Chauques qu’ils étaient des pirates mais on reconnaît leurs dégoûts des brigands ! On les dit pillards mais nobles ! On les dit pêcheurs paisibles mais éleveurs de chevaux !
En fait les Chauques sont tout à la fois… Voyageurs de la Route de l’Ambre, ils transportaient marchandises et denrées au travers les fleuves de la Germanie. Mais qui d’autres pour assurer la protection de leurs cargaisons que de les défendre eux-mêmes ! Guerriers des fleuves et de leurs rives, leur maîtrise des eaux et leur discipline guerrière leur permirent un essor important.

Aussi discret et épisodique que leurs assauts, l’Histoire Chauques reste donc confuse et rapportée par bribes. Mais si les fleuves représentaient des Limes naturelles, ils en furent assurément les meilleures vigies…

  • Estes : « Les Faiseurs d'Or Rouge »

Au contraire des traits un peu forcés des guerriers Germains, c’est par l’intelligence, l’artisanat, la connaissance, la culture et l’Art que les Estes eux cheminèrent sur la route de leur Destin, la fameuse et mythique Route de l’Ambre pour y faire troc de la gemme la plus légendaire de la Germanie : L’Ambre…

Les Estes sont l’un des peuples Germains les plus mystérieux par le fait qu’ils étaient l’un des plus reculés aux franges même de la Germanie.
Passés maître dans l’orfèvrerie et la confection d’amulettes d’Ambre, ces grands voyageurs et explorateurs sont à l’origine de la Route de l’Ambre et il ne fait pas de doute, même s’ils restent des anonymes de l’Histoire, qu’ils ont fait grand troc et commerce avec bien des peuples. Ainsi ce Clan devait avoir une culture assez rare en ces temps car enrichie de celle de bien d’autres.

« Ils fouillent la mer et, seuls parmi tous, ils recueillent sur les gués et le rivage même, l'ambre qu'ils appellent Glesum. En bons Barbares, ils ne se sont pas posé de questions et ne savent rien de sa nature ni pour quelle raison il se forme.
Mieux encore, cet ambre restait parmi les rejets de la mer jusqu'au jour où notre goût du luxe lui a donné un nom. Eux-mêmes n'en tirent aucun usage: ils le recueillent brut, le livrent tel quel et s'étonnent du prix qu'ils en reçoivent. »

Même si le témoignage de Tacite les présente ainsi comme de simples et rustres cultivateurs, il semble qu’il lui ait échappé bien des choses à leur sujet. Le fait qu’ils mirent en place un commerce à travers toute la Germanie, jetant là les bases d’une économie, font des Estes l’un des peuples les plus avancés des Germains ; leur économie, la mise en place du troc, les échanges sur la Route de l’Ambre et le monopole sur cette gemme, adoré de tous les Germains, le démontre.
Malheureusement on n’en sait guère plus et on ne sait ce qu’ils devinrent dans l’Histoire…
(du moins connaît-on toutefois leur bannière, un sanglier, se rapportant peut-être à la déesse Freyja, dite parfois « la truie », elle qui pleurait des larmes d’ambre !)

  • Foses : « Les Egarés de la Germanie »

Les Foses dans la « Ligue des Trente » semblent avoir pris à rebours les destinées de leurs Frères en demeurant le plus discret possible jusqu’à disparaître de l’Histoire. Ce ne sont pas les seuls et en cela ils représentent ceux dont les conquêtes laissaient indifférents et leur propre expansion sans intérêts !

Les Foses (ou Fosi en Latin) sont parmi les autres Germains totalement méconnus !
On ne sait rien d’eux bien qu’ils aient été peut-être pêcheurs ou marins et que leurs origines étaient communes à la plupart des autres peuples de la région. On ne sait rien non plus de leurs caractéristiques propres si ce n’est que Rome et les Chattes semblent en avoir fait leurs ennemis…
Seulement cités par Tacite, on sait qu’ils devaient être un petit groupe, sans doute à peine un peuple, et qu’ils résidaient en un royaume limitrophe aux Chérusques, ce territoire bordant les rives de la rivière Fuse (ou Fuhse) ayant donné leur nom. On les localise également à « Hildesheim ».
Alors pourquoi évoquer les Foses alors qu’on en sait si peu ?
C’est là justement l’intérêt d’en parler et d’en faire un symbole. Nombres de peuples de l’Antiquité et plus encore chez les Germains auront traversé l’Histoire presque anonymement. Ne conservant aucunes traces écrites et ignorés parfois des Romains, de petits peuples ont pu ainsi vivre à l’écart de tous au sein des forêts ou aux lointaines frontières dans les marécages et terres incultes.
Ainsi les Foses représentent à la fois toutes ces communautés mais également celles entièrement disparues, oubliées ou omises durant cette ère. Au moins leur passage ne demeurera t-il point entièrement vain…

  • Bructères : « Les Fous Rhénans »

Si bien des Clans de la « Ligue des Trente » s’égarèrent, conquirent, se développèrent, s’unirent, se trahirent ou firent fausse route sur le chemin du Destin, les Bructères n’en empruntèrent que les sentes. Plus fatalistes qu’indécis, ils préférèrent le choix du Destin seul aux leurs… ils semblent que pour une grande partie de ce peuple, ce choix originel fut pour le moins peu judicieux et plutôt dément !

Les Bructères formèrent chez les Germains l’un des peuples les plus curieux et s’ils ne marquèrent pas notablement l’Histoire, ils s’en démarquèrent par quelques faits étonnants. De plus leur Clan semble avoir été des toutes premières origines.
D’abord le pays des Bructères qui n’en était pas un car constitué sans doute plus d’un maillage de territoires que d’un royaume stable s’étendait plus ou moins autour des rives du Rhin… Ainsi on les trouve disséminés entre l’Ems, la Lippe et le Weser. Ils semblent qu’ils aient vécu sur les fondations de ce qui deviendrait Hanovre et dans la région de Westphalie sans avoir de frontières stables.
Les rares coutumes Bructères auxquelles on puisse apporter crédit sont leur culte guerrier et celui des Prophétesses auxquels ils se rapportaient pour leurs décisions. Ce qui d’ailleurs ne fut pas sans conséquences quand à l’origine de leurs actes désordonnés !

Ainsi si les Bructères sont demeurés célèbres c’est par Velléda, leur Prophétesse. En effet elle est évoquée pour avoir été leur Reine ! Résidant apparemment dans une tour et n’apparaissant que rarement à la vue de tous, elle aurait été à l’origine du plus haut fait d’armes Bructères.
Ainsi brûlèrent-ils leurs terres en l’An 16 sous le seul désir de cette Reine-Prophétesse pour se mettre en guerre, n’ayant plus choix d’autres subsistances ! Toutefois Tacite rapporte qu’ils finirent par s’anéantirent entre eux, évoquant même leur massacre final !
On ne saura donc jamais si ces Guerriers ne prêtaient leurs épées qu’aux seules facéties du Destin ou s’ils suivaient une véritable philosophie de vie. Ne parvenant pas à s’unir au sein d’un royaume et ne s’en remettant qu’aux prophéties, l’Histoire les retint comme étant « fou » !
Mes ces « Fous du Rhin » l’étaient-ils vraiment ?
Il y a de toute façon toujours une folie dans le fait de ne s’en remettre qu’à son Destin quand on le sait inéluctable… mais peut-être n’est-ce là que de la lucidité !

  • Les Tenctères : « Les Centaures du Rhin »

Dans l’imaginaire véhiculé sur les Germains, le Loup, sa meute et sa soif de liberté, est souvent la métaphore animale la plus répandue. Et il est vrai que l’Histoire de ces Clans et de ces « bêtes » est très proche par bien des aspects. Mais ce serait omettre toutefois également l’importance du Cheval.
Avec les Tenctères, les « Hommes-Chevaux » ou « Centaures-Germains », c’est la Liberté, valeur sublimée par tous les Frères, qui est ainsi domptée… cheveux et crinières aux vents, perçant de leurs chevauchées sauvages les brumes du Rhin !

Les Tenctères demeurent méconnus dans l’Histoire des peuples Germains.
Toutefois il est assez aisé d’imaginer leurs motivations principalement basées sur la sacralisation du Cheval et leurs mœurs proches de leurs Frères alliés, les Usipiens, les Ampsivariens, les Sicambres et les Chattes dont ils partagent des valeurs fortes. Pour ce qui est de leur faculté à guerroyer, il est dit qu’ils ont la même puissance et force que l’infanterie de ces derniers mais avec leur cavalerie ! Il est même évoqué leur science de la chose équestre. En sus le Cheval est dés le plus jeune âge un familier de tous. Les enfants jouent avec, les jeunes adultes y éprouvent leur force, les hommes en font leur arme de guerre et les plus vieux les soignent et s’en servent pour soulager leur déplacement…

L’Histoire des Tenctères prend existence d’abord dans leurs migrations communes avec les autres Germains Rhénans mais officiellement quand César aux environs de l’An 55 avant l’ère commune en fait part. D’ailleurs le conquérant louera la stratégie équestre incroyable de ses cavaliers et rapportera qu’à moins de mille cavaliers, ils mirent en déroute cinq mille Romains ! Pour le reste les Tenctères traverseront comme une chevauchée l’Histoire sans laisser de traces…

  • Tubantes : « Les Loups Barbares »

Les Tubantes s’ils sont désignés comme d’origine Rhénanes restent inconnus parmi les peuples Germains si ce n’est qu’ils étaient voisins des Bructères. Ils seront d’ailleurs très vite intégrés à la nation des Francs. Strabon atteste de leur existence sous le nom de Tubantli et explique leur nom comme étant donné aux « bandes » car ils vivaient comme tels. C’est là tout ce que l’on connaît d’eux…
Au-delà de cette méconnaissance, les Tubantes représentent dans l’imaginaire que l’on a des Germains la caricature attendue. Sans nul doute des mercenaires, des pillards, des profiteurs et des gens sans fois ni morales, en un mot : Barbares ! Mais est-ce la réalité ? Certainement pas complètement.

En fait les Tubantes portent le nom de tous ceux en ces temps antiques troubles qui n’avaient pas leurs places, qui étaient bannis de leur peuple (coutumes très fréquentes chez les Germains), ceux qui avaient perdu leurs terres, ceux passant d’une domination Romaine à des conquêtes Germaines implacables. Composés d’êtres hétéroclites, ceux-là auront traversé l’Histoire sans laisser de traces ou au hasard de quelques batailles où ils seront à peine mentionnés…
… Voilà qui étaient les Tubantes ! Et voilà qui ils étaient parmi Les Trente !

  • Gépides : « Le peuple aux mille Légions »

Parmi les Clans Germains, les Gépides s’illustrent pour avoir été de toutes les campagnes, des plus victorieuses jusqu’à la chute de l’Antiquité même ! Compagnons sans relâche, servant toujours avec discipline, peut-être leur aura-t-il manqué un destin propre préférant confier le leur à… Attila !

Les Gépides, ou plutôt les nombreux Clans Gépides, formèrent l’un des peuples le plus dense en population de la Germanie (même si malheureusement on n’a aucune trace de leur nombre réel). Ces Germains semblent avoir été particulièrement hiérarchisés avec une classe royale et aristocrate reconnue ainsi qu’un pouvoir très militarisé avec des troupes bien équipées.
Le royaume Gépides semble s’être aussi étendu que son peuple innombrable !
On peut le situer le long de la Vistule dont les Gépides s’arrogèrent une bonne partie du cours. Plus tard ils investiront les Carpates et toute la chaîne Est des Alpes et surtout une bonne partie du territoire actuel Roumain, la Dacie en particulier. On les connaît également en Transylvanie jusqu’aux rives du Danube et ils s’installeront même sur celles de la Mer Noire puis investiront pour un temps la Bulgarie, la Macédoine et la Serbie !
L’Histoire Gépides se confond malheureusement avec celle des Goths.
Bien qu’on en connaisse peu sur leurs mœurs, retenons que toutes les sources insistent pour en faire le peuple le plus important en individus chez les Germains et que son armée fut de toutes les plus grandes batailles. D’ailleurs leur nombre étant une arme à lui seul, Attila lui-même en fit des vassaux, n’osant jamais les affronter lors de sa conquête de l’Europe !
Les mille Légions étaient une machine de guerre bien plus proche de la légende « qu’après leur passage, l’herbe même ne repoussait pas ! ».

Les Gépides en 539 donneront leur dernier baroud d’honneur en attaquant Byzance et l’Empire d’Orient ! Se sera leur chute !
Alors qui étaient à la fin ces Gépides ?
Peu d’éléments subsistent. Ils aimaient les objets et orfèvreries d’or, enterraient apparemment plus leurs morts que d’autres Germains et avaient d’habiles potiers, de bons architectes et artisans de fibules… Enfin, de la conquête de la Germanie, de l’accompagnement des Goths, de la prise de Byzance, des assauts contre l’Empire d’Orient, de l’alliance avec Attila le Huns et jusqu’à leur influence majeur aux Champs Catalauniques, les Gépides auront été les témoins de toute une partie de l’Antiquité.
Pourtant l’Antiquité n’en a que peu retenu, eux qui en ont accompagné l’essor et la chute !

  • Hermundures : « Les Aïeux Alamans »

Il suffit parfois d’une poignée pour changer le Destin de tous. Les Hermundures sont de cela, eux si insignifiants et qui deviendraient les fondateurs d’une autre Ligue, celle des Alamans ! Ils ne seront pas les seuls, leurs « Frères » Sicambres créant celle des Francs pour les combattre…

Les Hermundures, nommés également Hermondures, Hermunduri, et Herminons, semblent avoir été un petit peuple Germain établi lors des premiers siècles dans le sud de l’actuelle Allemagne. Petit il du l’être ou alors très discret, car il est peu évoqué en tant que tel. Il fut confondu très vite avec les Alamans, l’alliance qu’ils formèrent avec d’autres peules Germains.
Tacite, au premier Siècle, les situent sur l’Elbe et proche du Danube, au côté du territoire des Marcomans, précisant qu’ils sont alliés des Romains, les côtoyant surtout pour le négoce. Sans doute une partie des Hermundures émigrèrent assez vite ensuite vers la Bavière notamment dans le territoire des Chattes avec qui ils rentrèrent en guerre tout comme avec les Chérusques, de futur Francs.

Cette haine renforce ici encore mieux la future fracture entre les Francs et les Alamans. De plus les Hermundures semblent avoir eu le même statut de fidélité extrême à Rome que les Ubiens, même si leur alliance dura bien moins longtemps.

  • Les Sicambres : « Les Ancêtres Francs »

Les Sicambres sont, tout comme les Hermundures avec les Alamans, les fondateurs de la seconde plus grande Ligue Germaine, celle des « Francs » !

Les Sicambres (ou parfois Sygambres) ! Peuple fort connu en France par l’intermédiaire du Roi maudit, Clovis, et de la non moins célèbre interjection de l’évêque Remi l’ayant baptisé : « Enlève tes colliers, fier Sicambre ! »
Ils constitueront très vite la « Ligue » des premiers Francs. D’ailleurs l’Histoire des Sicambres semble se confondre largement avec celle-ci, les deux noms se mêlant trop pour les distinguer. Mais on peut penser que les Sicambres furent bien l’une des toutes premières composantes des Francs, même si les Francs étaient sans doute un peuple éponyme avec lequel ils fusionnèrent…
Notons que Mérovée serait de souche Sicambre, ce qui est fort probable ayant engendré la lignée royale des Francs.

  • Suèves : « Les Anciens Frères »

Comme on l’a vu avec les Hermundures et les Sicambres, des « petits » Clans de la « Ligue » ont pu connaître un Destin des plus étonnants en donnant l’élan à la naissance de grandes « nations ». Les Thuringes à leur tour connaîtront cette destinée dans une dernière espérance d’unité des derniers Germains.
Les Suèves eux auront peut-être formés la première coalition des Frères au début de leur ère. Sont-ils les premiers des Germains ? On ne le saura jamais, l’Histoire ayant choisi le peuple des Tongres en lieu de ces « Anciens Frères »…

Les Suèves (ou Suevi) sont le nom donné à l’un des plus grands peuples Germains de l’Antiquité.
Du moins est-ce là comment on les présente.
Toutefois Strabon ou César qui les nomment ainsi et après eux essentiellement Tacite se sont peut-être un peu trop hâtés. Il semblerait au contraire que si Suèves il y eut, ceux-ci n’aient été qu’un peuple comme les autres et sans doute peu influent. En fait le nom de Suèves était un nom générique englobant beaucoup de clans et tribus distinctes que l’on situe aux orées de la Forêt Hercynienne et sans doute en son sein également. Tacite lui-même ne cache pas ce fait :

« Maintenant il faut parler des Suèves, qui ne constituent pas, comme les Chattes ou les Tenctères, une seule nation : ils occupent la plus grande partie de la Germanie ; ils sont d’ailleurs divisés en peuplades et dénominations particulières, quoiqu’ils portent le nom général de Suèves. »

En fait il y a là un flou autour de cette « unité » Suèves. Plus probablement ils auraient été le fruit d’alliances tout comme plus tard celles des Alamans, des Francs et des Thuringes.
Un amalgame dont on trouve la cause dans les écrits de Tacite :
« La caractéristique de cette nation est qu’ils rejettent leurs cheveux sur un côté et les relèvent en les serrant d’un nœud ; c’est ce qui permet aux Suèves de se distinguer des autres Germains… »
Et c’est là le « nœud » de la confusion des témoins de cette époque car les coiffes des clans d’alors, s’ils se distinguaient par des codes précis, ne pouvaient être aisément identifiées par des étrangers non avertis. En effet la chevelure chez les Germains était très importante, qu’on la porte de façon à effrayer ou impressionner comme ces Suèves, qu’on la porte longue comme la plupart des Germains ou qu’on la rase uniquement chez les Chattes pour renforcer leur détermination guerrière et leur rang particulier !

  • Hérules : « Les Corsaires de la Mer Noire »

Forêts, landes, montagnes ou fleuves, aucun endroit en Germanie n’échappa aux Clans venus du Nord… les Hérules, eux, éprouvèrent leur destinée au-delà des Limes et sur les flots, ceux de la Mer Noire et du Danube s’y jetant. Sans doute auront-ils poussés toujours trop loin les limites de ces frontières jusqu’à s’y perdre mais leurs esprits explorateurs et aventureux demeurent depuis dans les légendes des marins de toutes les mers.

Les Hérules sont de ces peuples Germains demeurés méconnus si ce n’est par quelques campagnes guerrières.
Toutefois leur puissance semble avoir été sous-estimé et ils auront marqué l’Histoire Germaine au moins pour leur conquête de la Mer Noire, limites extrêmes de la Germanie Antique. Issues de Scandinavie et appartenant aux Germains Orientaux, ils migrèrent de concert avec les Burgondes, Gépides, Vandales et notamment les Goths confondant même leur propre histoire aux premiers temps avec ces derniers.
Le Royaume Hérules aura été très différent selon les siècles. Toutefois les territoires du Danube, de l’actuel Autriche et du Nord de l’Allemagne auront connus leur domination. Mais c’est sur les rives de la Mer Noire que leur influence sera longtemps la plus forte.

Considérés comme des sauvages et redoutables « Barbares », on en a fait longtemps des bandes de pillards et des mercenaires servant des chefs de guerres occasionnels. La réputation de peuple mineur et indiscipliné doit sans doute beaucoup à leurs esprits de conquêtes, d’aventures et d’épopées incessantes. Ainsi on trouve des Hérules en Atlantique sur les côtes de la Galice mais aussi sur les mers du Nord, Frisonnes et Saxonnes. Le Danube sera longtemps leur terrain de chasse mais c’est en écumeur de la Mer Noire qu’ils seront le plus craints par les peuples de cette région.
Les Goths auront eu longtemps leurs faveurs s’associant à la prise de Rome avec un ancien des leurs, le Roi Odoacre.
Enfin ils auront longtemps résisté à toute conversion monothéiste n’oubliant jamais leurs origines du Nord, le Nord qu’ils finiront par rejoindre à la chute de la Germanie aux côtés des Frisons…

  • Marcomans : « Les Graveurs de Runes »

Les Marcomans auront connu le sort de bien des peuples Germains.
Les migrations, la conquête d’un Royaume, des guerres, des choix décisifs qui leur auront fait traversé le tumulte des Siècles jusqu’à leur chute… mais avant ils auront eu leur haut faits de gloire. Le plus glorieux et étonnant aura été d’élaborer le précieux Futhark, l’Alphabet secret et codé de la philosophie du Destin, croyances partagées de la même manière par tous les Frères : Les Runes !
Et c’est là le plus merveilleux legs culturel et philosophique donné à l’Humanité par les Germains…

Les Marcomans (Marcomani en Latin), « Gens des Frontières ? », sont puissants, ont la gloire et le prestige des plus grandes nations !
Ainsi décrit Tacite ce peuple de Germains qui en donne la preuve par la prise du pays des anciens Boïens, des Celtes. La société est basée sur une longue tradition royale, notamment sous le règne du Roi Marobod, le plus célèbre Marcomans qui leur offrit cette terre.
Toutefois le peuple se désolidarisera vite de cette royauté qu’ils exécreront même !
Il semble qu’une grande partie des Marcomans à leur origine est investie les Champs Décumates, une large vallée entre le Rhin et le Danube, cerné par les Forêts des Chattes et les Alpes protégeant Rome. Pour une raison mal connue, ils décidèrent de les quitter et d’investir peu à peu la Moravie, une ancienne région à cheval entre la Slovaquie et la Tchéquie,
C’est là qu’ils fonderont leur Royaume et plus précisément en Bohême Antique…

… C’est après cette période que le peuple ne s’occupant plus des affaires extérieures semble pour sa partie la plus érudite s’être penché sur la Culture jusqu’à en élaborer peut-être l’usage du Futhark, l’Alphabet Runique.
En effet il est très vraisemblable que le « système » liant les Runes entre-elles soient apparues chez les Marcomans. Intéressant également est le lieu de cette création, la Bohême. N’oublions pas que les Boïens eurent des échanges avec les Marcomans avant leur exode… et les Boïens, des Celtes, utilisaient les Oghams, cousines des Runes ! Enfin les Runes voyant leur symbole graphique tiré de la culture Etrusque et Latine, les alliés des Marcomans, les Lombards de l’Italie du Nord et de la région des Alpes, ont pu leur apporter cette connaissance sans compter qu’ils résidèrent un temps non loin de ceux-là dans les Champs Décumates…

Ainsi ce peuple aura apporté à l’Histoire Germanique l’une des plus belles créations culturelles de sa civilisation !

  • Bataves : « Les Braves Fédérés »

Au début des temps les Clans venus du Nord entrèrent dans une frénésie de conquêtes et de luttes fratricides pour s’approprier les plus vastes royaumes de la Germanie naissante. Les Bataves préférèrent eux rejoindre un « îlot » de terre protégé par les bras de fleuves et le bord de mer. Paisibles, désirants se détacher du tumulte de l’Histoire cette dernière les rattrapa avec la venue des Romains… Pragmatiques, ils utilisèrent le Droit pour s’entendre, parfois maladroitement, avec leurs « voisins ». S’ils commirent des erreurs, jamais ils ne cédèrent sur leur Bravoure et à la différence des Ubiens, et mêmes alors Fédérés, ils préservèrent au moins leur Gloire éphémère…

Les Bataves (ou Batavorum) forment l’un des plus anciens peuples Germains. Plusieurs sources mêlent leurs origines avec celles des Germains du Rhin, notamment les Chattes duquel ils se seraient séparés poursuivant leur migration.
La région les accueillant fut à l’origine située dans l’embouchure même du Rhin, entre ses deux bras qui jusqu’à la mer forment alors le lieu dit de « Insula Batavorum », l’île Batave. Un lieu fort bien préservé offrant un havre stratégique pour ce peuple et un moyen de déplacement extrêmement rapide pour le commerce ou la guerre. D’ailleurs si l’un des bras est toujours nommé le Rhin, l’autre portait autrefois le nom de Vahal, Waal de nos jours ! (Ce qui n’est pas sans rappeler le Valhalla). Si leur pays était donc enchâssé et peu vaste, ils en dépassèrent les frontières sans doute non pas dans les Pays-Bas actuels mais bien plutôt en Gaule Belge.
Quand les Romains découvrirent leur pays ceux-ci le nommèrent Batavia… et ils nommèrent la capitale Bataves, Batavodorum.
Pour le reste, ils demeurèrent discrets si ce n’est un épisode particulier de la « Guerre des Gaules » où les Bataves menés par leur chef d’alors, Cariovalde, résistèrent incroyablement aux Chérusques, ce fameux Cariovalde se jetant au travers des lignes ennemies avec son cheval, finissant criblé de dizaines de flèches ! Son sacrifice ne fut pas vain car il redonna courage aux derniers Bataves qui furent sauvés par l’arrivée des Légions Romaines, leurs alliés, gagnant là peut-être leur légendaire surnom de Braves…

Les Bataves auront donc toujours préféré la sérénité et la paix de leur petit Royaume « insulaire » à la politique. Ils pratiquaient d’ailleurs cette dernière avec pragmatisme notamment avec l’Empire qu’ils préféreront servir d’égal à égal!

  • Vandales : « Les Conquérants de la Peur »

Les Vandales !
Voilà l’un des Clans de la « Ligue » qui aura connu l’un des Destins les plus insensés des peuples Germains. Traversant l’Histoire de tous, chevauchant à la vitesse du Vent sur toutes les terres et les mers, eux qui n’en occupèrent jamais les firent toutes trembler ! Incapables de trouver au sein de la « Terre des Frères » leur place, ils parviendront à fonder la première et unique Cité-Etat Barbares jusqu’à précipiter la chute de l’Empire Romain…

Les Vandales sont l’un des noms les plus célèbres demeurés parmi les peuples Germains. Cités pour la première fois par Tacite, Pline l'Ancien pour sa part l’employa pour désigner plusieurs peuples Barbares.
Quoi qu'il en soit les Vandales, peuples d'Orient, furent parfois confondus avec les Goths ou les Gépides. Ce peuple conquérant et nomade est certainement celui ayant occupé le plus de territoires et ceci sur trois continents : Europe, Orient et Afrique du Nord ! Une explication probable de leur souvenir à travers les siècles…
… mais pas seulement.
Qui n’aura pas entendu ou employé le nom des Vandales ?
Les premiers siècles sont troubles les concernant et comme beaucoup de peuples de l’Est, ils semblent avoir suivis les Goths dans leur migration. Se séparant en deux entités, les Sillings qui disparurent assez rapidement de l’Histoire si ce n’est en laissant leur nom à la Silésie, et les Hasdings.
Ne fondant ainsi jamais de Royaume propre, on les mentionne toutefois sur les rives de la Mer Baltique, de l’actuel Pologne, de la Silésie, de la Slovaquie, d’une partie de la Hongrie (Pannonie) et de la Slovénie (Illyrie) mais aussi jusqu’aux Steppes Russes, en Espagne, en Algérie, en Corse, en Sardaigne, en Sicile et pour finir à Carthage ! La déclinaison de leurs lieux de vies est ainsi impressionnante mais jamais les Vandales ne resteront longtemps aux mêmes endroits, ne faisant souvent que passer. En sus ces Nomades ne semblent pas vraiment avoir eu une quelconque unité et ils formèrent plus vraisemblablement des groupes épars d’inégales importances…

Alors, pilleurs, conquérants cruels, êtres de terreurs saccageant et dévastant tout sur leur passage comme le fera Attila qui en sera un temps l’un des maîtres ? Rien n’est moins sûr même s’il est évident que d’importantes troupes Vandales sous la férule de chefs ou de rois avides auront dévasté bien des pays et territoires durant leur errance.
Mais cette réputation est usurpée et mue pour le moins par la propagande Romaine même si cette entreprise eut un certain succès ! Ainsi Rome, puis l’Eglise catholique (avec le célèbre « Fléau de Dieu » attribué à Attila déjà appuyé par les Vandales) et jusqu’à Voltaire reprendront cette imagerie de terreur qui prévaut d’ailleurs toujours depuis… En fait cette légende négative n’est que le prolongement des caricatures appropriées d’abord aux Païens puis aux Barbares, également aux Germains et en fait à tous les Nomades, « les Etrangers ».

Enfin, l’An 406 et leur franchissement incroyable du Rhin pour déferler sur la Gaule marquera plus sûrement cette peur de l’invasion étrangère… Et plus encore, après plusieurs siècles d’errance et acculés à traverser la mer jusqu’en Afrique, leur prise de Carthage sous le règne de leur Roi le plus légendaire, Genséric, en l’An 439 !
Dés lors un Royaume Vandales existe et il portera le nom de « Royaume de Carthage » reconnu comme tel par Rome par un Foedus contraint, l’Empire trop affaibli ne pouvant reprendre la cité. Ce sera l’apogée du peuple Vandales et de leur « Cité-Etat », seule du genre chez les Germains. Ils régneront en maître dans la région puis sur les eaux de la Méditerranée jusqu’à s’emparer de la Corse, de la Sardaigne et enfin de la Sicile Romaine !
De leur place forte, de « pilleurs nomades », les voilà « Pirates des Mers »… puis organisés pour la première fois de leur histoire ils participent à la bataille des Champs Catalauniques et ensuite au pillage de Rome prise par Odoacre. Avec Carthage, ces trois événements où l’on retrouve à chaque fois les Vandales verront l’Empire Romain s’effondrer et l’Antiquité définitivement révolu !

Après cette longue traversée des siècles avec les Vandales, qu’en conclure ?
D’abord que leur Histoire mériterait qu’on s’y penche plus encore car ils marquèrent nombres de lieux et d’événements de leurs présences. Etrangement ce peuple de Nomades ne trouva jamais sa place en Germanie chassés par les uns, ignorés par les autres. Considérés comme des étrangers par les leurs, acculés par tous, ils se révoltent et causent destruction et folie sur leur passage jusqu’à renverser les Limes Romaines ! Ravageant tout, ils inspireront la peur à ceux osant les affronter ou se trouver sur leur folle chevauchée, eux ces cavaliers émérites.
Pourtant comme s’ils avaient toujours poursuivi une Chimère, ils parviendront à atteindre leur rêve à Carthage y fondant enfin leur Royaume… une autre Chimère mais qui exista pour un temps.
Témoins et acteurs de la chute de la Germanie et de l’Empire Romain, ils disparaîtront comme ils étaient arrivés, dans le souffle ravageur de ces temps troublés. Ne demeure d’eux que leur sinistre réputation… mais pour certains le rêve qu’un Empire Germain aurait pu voir le jour à Carthage ou ailleurs.

  • Lètes : « Les Esclaves de Rome »

Les Germains chérissaient plus que tout la « Liberté » et les premiers Clans n’étaient mus que de cette soif. Toutefois ces Seigneurs de Guerre cultivaient un paradoxe, celui de prendre en esclavage leurs Frères plus faibles ! Mais « Maîtres et Servants » étaient parfois les mêmes et la Bravoure assurait souvent d’être « Affranchi ».
Rome n’avait pas la même idée de la « Libertas » !
Malheur aux prises de guerres de l’Empire qui faisaient d’elles des Lètes au statut d’Esclaves de Rome sans plus de Destin possible…

Les Lètes, dont le nom signifie « Les Laissés », sont les Germains épargnés lors des attaques Romaines.
Toutefois ce statut ne concerne que les individus et il est en tout point différent des Foedus passés avec certains peuples Germains comme les Ubiens ou les Bataves. Les Lètes Germains étaient sous autorité totale de l’Empire.
Non seulement ils étaient privés de liberté, statut intolérable pour un Germain, mais ils servaient en outre comme paysans, étaient dépossédés de leurs armes, legs de leur clan, et de plus étaient tondus pour les humilier lors de leur enrôlement forcé dans les Légions, eux qui souvent laissaient leurs cheveux longs comme signe de liberté ! Déplacés dans des no man’s land, ils recevaient des « Terrae Laeticae » (Terres Lètes) avec obligation de les cultiver et de donner en impôt une large partie de cette production à Rome !
Seuls les enfants des Lètes pouvaient s’affranchir après une carrière militaire et retrouver la liberté… pour le reste des lois très contraignantes encadraient les mariages et les possessions terriennes !

Enfin il ne semble pas qu’une communauté Lètes ait vu le jour. On leur confiait certes des terres qu’ils cultivaient mais dans le dessein d’occuper les zones mixtes ou désertes des Limes. Il est également à remarquer que certains Lètes auraient trouvé un sens à cette condition, non pas ceux assujettis à être paysans ou colons, mais ceux servant dans l’armée Romaine qui en fit des troupes d’élites particulièrement respectées et mieux traitées que tout statut d’esclaves chez les Germains !

Le statut des « immigrés » ou « barbares » sous l’Empire Romain :

D’abord certains Clans, peuples ou groupes de personnes désiraient épouser les coutumes Romaines et se fondre dans l’Empire d’eux-mêmes. À cette occasion, Rome était accueillante et pratiquait la « Réceptio » (Réception) qui consistait en une cérémonie d’intronisation à la citoyenneté Romaine.
Le Foedus lui consistait à passer un accord avec un peuple et à le reconnaître en tant que tel, délimité dans un royaume et traitant avec lui d’égal à égal. Ces Foedus évitaient ainsi les guerres mais Rome eux-mêmes les trahissait si besoin était ! Ces traités furent la forme contractuelle la plus commune entre les Romains et les Germains.
Les Deditices concernaient les peuples qui « s’offraient » et se soumettaient complètement à Rome ! C’est ce qui concerne la plupart des Francs Saliens à une certaine époque. Beaucoup de droits sont restreints et les décisions reviennent à Rome. Ce protectorat est irréversible dans tous les cas.
Les Lètes qui comme nous l’avons vu sont la condition la plus servile de la politique Romaine concernaient les esclaves. Dans les faits ces statuts étaient souvent changés, faits de modalités très variables suivant les peuples et les pays.
Enfin remarquons que sans les Lètes et donc sans l’esclavage de masse, Rome n’aurait jamais eu assez de troupes et de biens pour protéger son Empire et même certainement le faire exister !

  • Chérusques : « Les Insoumis d'Arminius »

Quand les Clans de la « Ligue » embrassèrent leur Destin tous ne connurent pas le même sort, certains le manquant, d’autres le forgeant à leur Gloire… les Chérusques connurent l’une et l’autre de ces destinées ! Intelligents, fins stratèges, de haute noblesse et culture, ceux-là ne s’intéressèrent pourtant que peu aux événements d’un monde toujours mouvant. Ce dernier les rattrapa les faisant esclaves de Rome dont l’un de leur noble enfant… Devenu un brillant citoyen Romain, celui-là seul libéra ses Frères de naissance !
Il eut pour nom Arminius et l’Histoire ne se souvint de son peuple que par son seul nom « Arminius le Chérusques »…

Les Chérusques (Cherusci en Latin) sont parmi les peuples Germains l’un des plus raffinés mais aussi plus atypique.
Le Royaume Chérusques s’étendait de l’Elbe à la Forêt de Teutoburg. Toutefois on peut penser qu’ils peuplaient plus les zones déboisées et les marécages, les Forêts étant le domaine des Chattes. Leur pays était donc restreint entre ces derniers, les Marcomans, les Ubiens et le reste des Clans Germains de la région, les Chauques et les Foses entre-autre.
Se trouvant ainsi insérés les Chérusques ne connurent que peu de conflits à leurs premiers temps étant « couvert » sur toutes leurs frontières. Toutefois si cette longue période de paix favorisa leur culture, leurs mœurs paisibles et pour tout dire une certaine indolence, elle affaiblit leur caractère guerrier et créa une sorte de cour royale « évoluée » où les intrigues politiques prirent souvent le pas.
On peut penser qu’ils vécurent néanmoins dans le souvenir de la soumission de leur peuple par César et par les souffrances que nombre d’entre-eux soient devenus esclaves de Rome. Sans doute quelques hommes valeureux n’en oublièrent pas les menaces et restèrent plus que d’autre prêt à résister et à se battre. Ce qui s’avéra encore d’un grand secours quand Arminius parvint à leur redonner courage et honneur, unissant les Germains pour repousser les Romains de Germanie…
… Mais le mal était là et Arminius fut trahi par sa cour, l’assassinant, avant qu’il ne fonde un véritable Empire Germain !

Si on en croit les écrits, il semble que les Chérusques aient fini par quitter leur pays en direction de la Saxe plus au Nord sans qu’on sache où ils résidèrent et s’ils s’assimilèrent avec les Saxons. En outre on les donne également avec les Sicambres comme fondateurs des Francs mais rien n’est moins sûr. Une dernière hypothèse les aurait fait rejoindre les Chattes mais là encore rien ne l’affirme. Enfin l’Histoire demeure muette sur les circonstances étranges qui les firent si vite disparaître des « Chroniques » !
La mort du héros Arminius fut-elle le glas de l’union de ce peuple ? Les intrigues prirent-elles comme souvent au sein des royautés Germaines le pas sur toute cohésion ? Et pourquoi les autres peuples finirent-ils par les moquer… qui le sait.

  • Saxons : « Les Résistants Païens »

Parmi les Clans Germains certains auront eu de grands faits de gloire mais seront demeurés inconnus de l’Histoire. D’autres par contre seront devenus légendaires dans l’imaginaire populaire pour de simples anecdotes.
Les Saxons sont de ceux-là.
Mais s’ils sont demeurés mythiques c’est par leur réputation effrayante, sombre, maléfique et terrible associée depuis à leur simple nom…

Les Saxons (Saxones en Latin) font partie tout comme leurs voisins les Angles, les Jutes et les Frisons des peuples Germains du Nord de l’Europe. Les mentions au début du millénaire sont rares et seul « Bède le Vénérable » les identifie au début du 5ème Siècle en Angleterre même s’il est possible que Tacite parlait déjà d’eux en évoquant les Axones ou Aviones…
Ce même « Bède » d’ailleurs, comme il est fréquent chez les peuples Germains, les fait apparaître aux yeux de l’Histoire quand ceux-ci furent menés par deux frères Hengist et Horsa. Ils étaient néanmoins originaires du Jutland comme les Jutes et les Angles (actuel Danemark) puis résidèrent un temps au Nord de l’Allemagne et dans une large bande côtière de l’Europe du Nord continental. Evidemment ils conquirent l’actuel Angleterre avec les Angles où l’on retrouve cette union par le terme d’« Anglo-Saxons ».

La période des Saxons avant leur invasion de l’Angleterre reste méconnue comme elle le fut ensuite et répertoriée comme un Âge Sombre (Dark Ages). Ces périodes de guerre, de troubles, de calamités et de pestes ont d’ailleurs toujours accompagné l’imaginaire des peuples quand leur nom était prononcé.
Ils fondèrent quatre royaumes Saxons en Angleterre aux côtés des Angles : L’Essex, le Middlesex, le Sussex et le Wessex correspondant aux points cardinaux de leur territoire. Widukind reste le Roi Saxon le plus emblématique quant à sa résistance farouche contre les Francs Chrétiens… bien qu’il semble qu’il finisse par s’être converti !
On peut ainsi louer la haute résistance des Saxons comme peuple proche de ses véritables racines et croyances séculaires. En outre ils demeurèrent libres jusqu’au 8ème Siècle, ce qui reste extraordinaire, la plupart des peuples Germains ayant été décimés ou convertis dés la fin de l’Antiquité. Ils ne doivent leur chute que sous les assauts conjoints de l’Eglise et de la Royauté, notamment celle de « Boniface » qui fera abattre les arbres sacrés (comme il le fit chez les Chattes) et bien sûr « Charlemagne » qui s’était juré de détruire les derniers Barbares du Nord !

  • Quades : « Les Vigies du Danube »

Même si les Quades n’apparaissent pas comme ayant eu une grande destinée, ils auront œuvré dans l’ombre à garder les Limes de la Germanie tout le long du Danube, leur grand Fleuve sacré. Une tâche peut-être anonyme mais essentielle.

Les Quades (Quadi en Latin) parmi les grands peuples Germains sont plus méconnus, un mystère par bien des aspects car ils apparaissent souvent dans les sources. Leur Royaume s’étendait sur une large partie de la Moravie (Tchéquie et Slovaquie), un territoire qu’ils partageaient avec les Marcomans. Plus tard ils se concentreront davantage sur le Bas-Danube et sur tous les Limes Danubiennes.
Enfin le dernier pays Quades suite à leur exil forcé face aux conquêtes Hunniques les fera après avoir traversé toute la Gaule résider en Galice, actuelle Espagne. Ensuite ils se confondent avec l’Histoire des Suèves…

Voici comment les présente Tacite dans son Germania :
« À côté des Hermundures, vivent les Naristes et, à leur suite, les Marcomans et les Quades. La gloire et la puissance des Marcomans font leur supériorité, tout comme leur territoire qu'ils ont acquis par leur bravoure en expulsant autrefois les Boïens. Les Naristes et les Quades les valent bien. Ils forment en quelque sorte le front de la Germanie de bout en bout sur toute la rive du Danube. »

Outre leur passage du Danube, la destruction totale d’une Légion, la « Légion V Alaudae », et de faits de résistances importantes, sans compter la protection Danubienne de la Germanie, on n’en a pas d’autres traces… Toutefois ces Guerriers toujours en mouvement auront été les « Vigies » du Danube, leur fleuve sacré. Qu’ils y naviguent inlassablement ou qu’ils s’y déplacent en cheval sur les rives, malheur à qui se faisait prendre par ces redoutables chasseurs !

  • Goths : « Les Empereurs de l'Est »

Les Goths sont certainement l’un des peuples Germains les plus connus sinon le plus célèbre. Ils forment à eux-seuls l’une des trois grandes branches des Germains dits du Nord ou Septentrionaux.
Outre qu’ils aient marqué l’Histoire, leur nom sonne encore de nos jours dans l’inconscient et ils ont marqué durablement la partie Est (Biélorussie, Ukraine) de l’Europe et précipité à la fois la chute de l’Empire Romain (Italie, Gaule, Espagne) mais aussi celle des autres Germains n’ayant pu refouler les Huns ni se prémunir de la conversion religieuse Chrétienne. Leurs origines sont encore discutées mais il est probable que la majeure partie des Goths soient originaires de la Scandinavie dans son ensemble et pour les premiers clans du « Gotland » (Terre des Goths).
En Suède même on a identifié deux peuples, les « Gautigoths » (venus de la Westrogothie) et les Ostrogoths (venus d’Ostrogothie). À cela on associe également les « Tervingi » (Gens de la Forêt) et les « Greutingi » (Gens de la Grève). Tout cela prouve évidemment que deux grandes parties constituèrent les Goths qui finiront par se scinder en Ostrogoths et Wisigoths quelques siècles plus tard.

Notons enfin que les Goths ont donné leur nom à la langue « Gothique » qui fut employée pour définir l'écriture Runique, le Futhark, ou Alphabet Gothique ! Si les Goths ont marqué de leurs noms et de leurs conquêtes toute l'Europe Germaine, il est paradoxal toutefois de constater qu'ils furent les premiers convertis au Christianisme !
L’Histoire Goths est l’une des seules chez les Germains à avoir été consigné par écrit et rapporté ensuite par l’Historien « Jordanès ». Toutefois si on y apprend leur culte à Odin et la légende de leurs origines, peu de ces écrits demeurent exploitables. C’est le Chrétien Wulfila, un Grec, qui oeuvra à la conversion des Goths, traduisant la Bible en Gothique !

Les Goths qui avaient de quoi bâtir le premier Empire Germain optèrent pour d’autres choix se séparant en deux grandes nations, les Ostrogoths : « Goths Brillants » et les Wisigoths : « Goths Sages »… Qui scinde sa famille, n’en a plus du tout !

  • Lombards : « Les Elus des Dieux »

La préoccupation de préserver la civilisation et la culture chez les Clans de la « Ligue » ne furent pas leurs première priorités, beaucoup se concentrant sur la conquête d’un royaume. Les Lombards eux choisirent un Destin inverse. Après avoir été guidé par leur Foi, ils traversèrent la période la plus trouble de l’Antiquité sans en subir les affres !
Investis peut-être d’une mission divine, ils obéirent davantage à leurs Dieux qu’au Temps puis soudain ils rentrèrent de plein fouet dans l’Histoire… mais l’Antiquité était passée, les autres Germains pour la plupart également !

Les Lombards (ou Langobardi « Langobards ») dont le nom signifie « Les Longues Barbes » sont connus parmi les premiers peuples Germains de la région Rhénane de l’Europe. Tacite les mentionne déjà en 98 mais sous leur autre nom de « Langobards » et l’historien Paul Diacre, au 8ème siècle, rapporta par écrit leur tradition orale depuis leurs origines Scandinaves.
Toutefois, et étrangement, les Lombards s’ils auront sans doute la plus longue et riche existence historique ne s’intéresseront que tardivement aux événements du monde ! Il faut cependant noter que c'est l'un des seuls peuples à avoir consigné son histoire par écrit alors qu'ils demeuraient encore Germains. C'est ainsi que l'on connu leur migration sous l'autorité des chefs et Frères Ibor et Agio (un pouvoir fraternel encore une fois retrouvé à l’instar de nombres peuples Germains) et leur mère Gambara.
Dans leur Saga orale (dite d’Origo Gentis Langobardorum) traitant de leur migration, leur surnom même de « Longue-barbe » est narré ainsi :

« Ce serait l’un de leur clan, les Winilli – ou Winniles - (« Guerriers ») qui auraient été ainsi nommés par Odin lui-même ! Et ceci suite à un astucieux stratagème de leurs femmes coupant leurs cheveux puis les ayant mystifiés en longues barbes, gonflant ainsi les rangs des hommes pris dans une bataille avec les Vandales ! Les femmes auraient eu cette idée ingénieuse par Frigg, leur Déesse ! »

Les Lombards, on l’a vu, s’ils sont ainsi connus très tôt par les Romains le sont surtout pour leur expansion dans le Nord de l’Italie, Royaume ayant pris leur nom, la Lombardie (une région Italienne qui existe toujours depuis). Mais leur histoire antérieure semble être restée plus imprécise. Une période qui ne durera pas, les Lombards rentrant en conflit avec la plupart des autres peuples Germains !

  • Burgondes : « Les Maudits de l'Or du Rhin »

Dans le voyage du Destin parcouru par les peuples Germains bien des périples, écueils, étrangetés et curiosités en auront été les étapes. Mais peut-être jamais un ne mêla tant sa destinée à une prophétie… une prophétie toutefois maudite : l’Or du Rhin !

Les Burgondes (ou Burgundiones) sont mentionnés pour la première fois par Pline l'Ancien qui voyait en eux une tribu Vandales. Originaires de Scandinavie (Norvège en particulier), ils poursuivront une longue migration qui les fera s’installer parfois brièvement ou plus longuement en Bavière, dans le Royaume de Worms (Allemagne), en Rhénanie, en Pannonie, en Savoir (Jura et Alpes), autour du Lac Léman, dans la Vallée de la Saône, près de la Durance et pour finir en Burgondie, une partie ayant donnée son nom à la Bourgogne en France.

Si les Burgondes lors des premiers siècles ne parviennent pas à s’imposer en Germanie chassés souvent de leurs terres par d’autres Clans (Goths, Vandales ou Suèves notamment), ils n’auront de cesse de poursuivre leur quête d’un Royaume. Pour cela, menés sans doute déjà par une classe Royale, ils cherchent à passer très tôt des Foedus avec Rome qui les ignorent dans un premier temps.
Mais avec leur prise de la cité de Worms et leur ambition de fonder leur « petite Rome » (chose très exceptionnelle chez les Germains), les Romains reconsidérèrent leur position, craignant que les Burgondes ne viennent renforcer la menace sur les Limes Rhénanes. Dans l’idée de trouver en ce peuple la même docilité qu’avec celui des Ubiens ils passèrent cette fois un Foedus important…

… Que les Burgondes trahirent !
Mal leur en pris, car le grand Général Aetius et ses Légions les écrasèrent totalement avec 20 000 Guerriers Burgondes tués, un tiers du peuple entier, alors mené par l’un de leur plus célèbre Roi, Gunther !
C’est là que se mêle le mythe de cette dramaturgie avec la légende maudite de l’« Or du Rhin » !
Ecrasé par Rome, ils deviennent néanmoins Fédérés et si une petite partie des Burgondes rejoint de force Attila, le reste participera avec Aetius à la chute des Huns. C’est également lors de cette période et après la chute de la mythique Worms que leur nouveau territoire s’étendra du Jura aux Alpes puis autour du Lac Léman, un moyen pour Rome d’étendre son influence par des peuples acquis à leur cause dans cette Gaule de plus en plus menacée…
Toutefois les Francs seront plus puissants et la Burgondie sera annexée malgré quelques vaines tentatives de refondation du rêve d’un Royaume Burgondes indépendant.

  • Frisons : « Les Pirates du Nord »

Les valeurs des Clans de la « Ligue » auront été souvent très diverses et parfois mêmes à l’apparence curieuse et pour tout dire « Sans Foi ni Loi ». Les Frisons eux décidèrent de ne s’en remettre qu’à eux-mêmes…

Le peuple des Frisons apparaît certainement au début du 1er millénaire et sans doute de façon plus structuré durant le second Siècle.
D’une lignée commune avec les Angles, les Jutes et les Saxons, ils se distinguèrent pourtant au cours de l’histoire jusqu’à donner leur nom à la Frise. Ils se distinguèrent également pour être demeurés sur leurs terres d’origines ou voisines, des côtes de la Mer du Nord, de la Frise, du Jütland et du littoral Scandinave même s’ils participeront plus tard à la conquête de l’Angleterre dans une certaine mesure. On ne leur connaît que peu d’ennemis si ce n’est Rome évidemment mais également la lignée des Francs de Clovis.
Au plus fort de leur puissance, les Frisons dominèrent toute la Mer du Nord, une partie de la Manche, les côtes du Pays-Bas, des Mers Scandinaves, de l’Allemagne et même de la Russie ! Ils commercèrent ainsi sur des lignes maritimes sûres et sous maîtrise. Notons que leur résistance face aux Francs (alors Chrétiens) et à l’évangélisation fut remarquable, notamment sous le règne de leur plus illustre Roi, le nommé Radbod.

Outre leur résistance sans relâche contre les navires Romains, certainement dans des batailles navales épiques comme l’attestent les « Annales de Tacite », on ne sait que peu de leur influence aux temps Antiques. Toujours est-il que leur nom résonne encore dans les mémoires et notamment sur la « Mer Frisonne »…

  • Niflungar : « Les Fantômes des brumes »

Les Niflungar, les « Hommes des Brumes », sont dans les mythes Germains des êtres légendaires peut-être bien plus anciens encore que les Nibelungen avec lesquels ils se confondent parfois. Ils sont évidemment évoqués dans la légende de l’« Or du Rhin » où ils gardent le trésor fabuleux du Dragon Fafnir, trésor divin…
On a rapproché également les Niflungar du monde de Niflheim, le Monde du Brouillard et des Brumes dans les mythes du Nord. Quoi qu’il en soit, leurs origines et légendes ne sera sans doute jamais réellement attestées. On peut toutefois penser qu’ils incarnent un concept philosophique, celui du « Culte des Ancêtres » et de la Mémoire des Germains.
Etaient-ils un Clan inconnu des Annales ? Des êtres imaginaires et féeriques ? Une identité commune dans l’esprit de la civilisation Germanique ?
Peut-être étaient-ils tout cela à la fois…

Pour ce qui concerne la « Ligue des Trente », les Niflungar sont la mémoire de l’Histoire égarée des Germains et l’atavisme qui peut-être perdure dans chacun depuis !

  • Chattes : « Les Gardiens-Einherjars »

Dans la « Ligue » il est difficile de mettre en lumière un peuple plus qu’un autre, plus valeureux ou Glorieux. Les Cimbres ? Les Vandales ? Les Chérusques… Peut-être les Chattes !
Nerveux, le corps noueux comme les arbres de leur Forêt, les cheveux rasés et le corps peint de bandes blanches, ces Hommes que l’on disait aller à la Guerre quand les autres Germains n’allaient qu’au combat, gardaient-ils un secret ? Si cela fut vrai, ce fut celui du cœur de la Germanie et à l’image de leurs héros mythologiques, les Einherjars, ils étaient prêts à mourir pour le défendre…

Les Chattes, également Cattes ou Chattuaires (Chatti/Catti en Latin et Herminones quand ils étaient alliés à leur arrivée en Germanie) sont l’un des peuples Germains les plus intrigants par ses racines antiques, profondes et fraternelles et par leur légitimité Germaine en faisant l’un des plus importants, non par leur nombre, mais par leur caractère. On a toutefois étrangement que très peu de connaissances à propos de ce peuple pourtant redouté des Romains mais aussi des autres Germains !
Décrit comme étant forgés pour l’exercice, nerveux et dur, les guerriers Chattes étaient de présence inquiétante et muent d’une volonté inébranlable. D’ailleurs ils formaient une infanterie massive, cohérente, émérite et disciplinée, toute vouée à un chef choisi par les hommes la composant.
Ce caractère guerrier trouve d’ailleurs sa pertinence dans le fait que les combattants laissaient pousser leurs cheveux et leurs barbes jusqu’à ce qu’ils tuent leur premier ennemi ! De plus ils portaient un anneau ou une torque de fer, jusqu’à ce qu’ils puissent l’ôter par un acte d’une grande bravoure prouvant leur vertu et courage…

Voilà ce qu’en dit Tacite dans son Germania :
« Beaucoup de raisonnement et d'habileté, pour des Germains : ils prennent pour chefs des hommes choisis, écoutent ces chefs, gardent leurs rangs, saisissent les occasions, diffèrent leurs attaques, ordonnent leurs journées, protègent leurs nuits, tienne la chance pour incertaine, la vertu pour sûre, enfin ce qui est très rare et n'a été accordé qu'à la discipline Romaine, ils comptent sur un chef plus que sur l'armée. »

Enfin, outre leur aura, certains guerriers se blanchissaient les parties de leur corps dénudé, essentiellement ceux des premières lignes qui montaient à l’assaut et ne reculaient jamais ! À ce propos on pourrait retenir comme adage à ces vaillants combattants ce qu’en disaient les légendes et qui illustre tout à fait l’« Esprit Chattes », le « Chattos Suos »…

« Les peuples vont au combat, les Chattes, eux, à la Guerre ! »


Pour le reste on peut imaginer les Chattes comme des êtres investis, profonds, déterminés et mystérieux. On peut aussi penser que le camouflage, la connaissance de leur environnement et peut-être une certaine noblesse, voire une suffisance, devaient les caractériser.
Leur Royaume n’était certainement pas très grand, ce qui n’en atténue pas la valeur à l’image de ces Gardiens. En fait dans toute leur Histoire, les Chattes demeureront aux orées de leur domaine sacré, la Forêt Hercynienne et principalement aux orées du Weser (un fleuve Allemand), de l’actuelle Hesse (Allemagne), de l’Elbe, de l’actuelle Forêt Noire (Myrkvid) et en masse du côté de la Germanie Rhénane.
Leur histoire se perd néanmoins dans le cœur de leur forêt impénétrable et ils disparurent sous la conversion chrétienne, une période que l’on date vers le 8ème siècle quand le missionnaire Boniface fera brûler un chêne sacré en 723 ! Toutefois on sait que beaucoup craindront longtemps (et encore de nos jours) de se rendre au cœur des bois, de peur de se retrouver peut-être face aux Chattes…

Enfin les Chattes vénéraient les Forêts et rivières et à ce titre devaient rendre culte à des Vés naturels (autels). Autre particularité semble avoir été celle de leurs bains d’eau chaude ! Ces Aquoe Mattiacoe trouvent leur nom d’un ancien Clan Chattes, les Mattiaciens, le tirant eux-mêmes de leur capitale : Mattium la Mythique.
Cette cité en pleine forêt demeurera mythique même si les Romains n’auront de cesse de la chercher tel le Général Drusus et que Germanicus attesta l’avoir incendié…

Alors les Chattes…
… auront-ils été pour les Germains ce que les Spartiates étaient à la Grèce ?
Sont-ils le peuple le plus Guerrier des Germains ? Sont-ils les dignes descendants de l’esprit des Cimmériens ?
Etait-ce bien leur Reine qui repoussa Drusus sur l’Elbe ?
Comme on l’a vu dans tous les évènements où ils apparaissent, les Chattes sont toujours décrits comme intransigeants, présents aux premières lignes de chaque bataille, craints des autres Frères et particulièrement mystérieux.
Quand les Germains laissent long cheveux, symbole de Liberté, eux se les rasent pour marquer leur Gloire au combat ! Quand les autres se battent de manière indépendante et en petits groupes désordonnés, eux forment un esprit de corps et forment des bataillons de guerre… Quand les Germains sont réfractaires à l’autorité, les Chattes se plient à des Codes complexes et disciplinaires. Les Clans cherchent à conquérir en se déplaçant de territoires en territoires, eux demeurent en leur domaine et y résistent jusqu’à la mort ! Malgré ces caractéristiques peu communes et la puissance terrifiante de cette armée, ils ne sont mentionnés que brièvement dans les Annales. Un mystère de plus les concernant…
Rome a-t-il désiré taire la résistance des Chattes aux Limes, comprenant qu’ils ne les franchiraient plus ? Durement frappé par ces mêmes Romains sous Domitien ont-ils préféré s’enfoncer plus profondément dans leur Forêt sacrée pour en devenir les seuls gardiens ? Les schismes nombreux en leur sein ont-ils réduits leur nombre pour ne laisser qu’une communauté radicale ?
Il est difficile de répondre à toutes ses questions.

Mais ces Guerriers exceptionnels chez les Germains sont peut-être eux-mêmes aux Limes du Mythe du Guerrier Germain. Dans la mythologie les Einherjars étaient les guerriers ultimes préférant affronter le Wyrd (le Destin) leur étant réservé les armes à la main pour par leur martyr atteindre la Valhalle. Et le nombre d’élus étaient limités aux plus valeureux…
La société Chattes entièrement Guerrière avait-elle pour sens cette Quête philosophique ?
Est-ce cela le fameux « Chattos Suos » qu’on leur prête ?
Il n’y a que cette répétée formule pour illustrer ces interrogations :

« Quand les hommes vont au combat, les Chattes, eux, vont à la Guerre ! »

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